MISSION ARCHEOLOGIQUE FRANCAISE EN MONGOLIE

Le 12 février 1992 naissait la République de Mongolie, succédant à la République populaire de Mongolie. Le pays en décidant de reprendre le terme de Mongol ulus littéralement « Etat mongol », dénomination traditionnelle léguée en 1206 par son fondateur Gengis Khan marquait son attachement à son glorieux passé. C’est dans ce contexte que l’Académie des Sciences de Mongolie va chercher à collaborer avec les archéologues étrangers pour approfondir son histoire.

Ainsi en 1993, sous l’égide de l’UNESCO la Mission archéologique française est la première à s’installer en Mongolie septentrionale sur le site d’Egiin Gol où elle travaillera pendant six ans. À partir de l’été 2000 la Mission est rattachée au CNRS ainsi qu’au Musée national des Arts asiatiques de Paris, s’installe sur le site de Gol Mod, l’une des plus vastes nécropoles de Haute-Asie. Depuis, quatre campagnes de fouilles ont été conduites en collaboration avec les autorités mongoles auxquelles est venue s’ajouter la participation du Gouvernement Princier monégasque depuis 2002.

Il s’agit d’une équipe pluridisciplinaire dont le champ de recherche est consacré à la civilisation xiongnu 匈奴, qui est à l’origine du premier empire des steppes (IIIe siècle av. J.-C.– IIe siècle après J.-C.) et constitua une menace constante pour les Chinois. Chassés par ces derniers, certains considèrent que par contrecoup, leur migration va provoquer les invasions des Huns qui ravageront l’Occident, entraînant la chute de l’empire de Rome au Ve siècle. L’équipe compte en moyenne une trentaine de membres dont des archéologues, des topographes, des anthropologues, des historiens de l’art, des linguistes, des restaurateurs, des photographes... Ces membres travaillent en liaison avec de nombreuses institutions scientifiques, en particulier avec le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, le laboratoire Valectra d’EDF, l’Université de Washington, le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, l’Institut d’Archéologie à Oulan-Bator etc…
Carte de l’empire xiongnu

LA NECROPOLE DE GOL MOD
La nécropole de Gol Mod se situe à 450 kilomètres à l’ouest d’Oulan Bator dans la province d’Arkhangaï à 1600 mètres d’altitude. Elle est installée en piémont de reliefs qui culminent à 1800 mètres, descendant en pente douce vers la rivière Khünüin formant une large vallée de communication. Elle s’étend sur une superficie de 400 hectares avec une couverture végétale appartenant à la steppe arborée. On distingue en tout six secteurs entrecoupés de faibles reliefs ou de dunes de sable.

Deux catégories principales de tombes apparaissent : d’une part les grandes tombes orientées nord-sud, munies d’une allée funéraire aboutissant sur une terrasse carrée entourée de murets périphériques en pierres sèches, d’autre part les petites tombes, généralement circulaires, entourées d’un anneau de dalles plates délimitant la circonférence. Parfois, à proximité de ces sépultures de petits foyers sacrificiels sont installés. Actuellement, sur les 400 tombes dénombrées, 110 ont été cartographiées grâce à un théodolite à laser et à ce jour 12 d’entre-elles ont été fouillées.
Tombe circulaire © MAFM / J. Magail

Tombe rectangulaire à allée funéraire ©MAFM

LA GRANDE TOMBE ARISTOCRATIQUE T1
En 2001, la mission entreprend la fouille archéologique d’une des plus grandes structures funéraire de la nécropole. La tombe se compose d’une allée funéraire trapézoïdale avec au sud un seuil de 6 m de large qui s’élève en plan incliné en direction de la terrasse sur 35 mètres de longueur. Elle atteint alors 15 m de largeur pour une hauteur d’environ 1,5 m. La terrasse, elle-même trapézoïdale, dépasse 30 m sur l’axe nord-sud. La même année, différents sondages sont opérés pour comprendre la structure de l’édifice, fondée sur une alternance de couche de sable et de lits de pierres. Les murets périphériques seront démontés et numérotés en vue de l’ouverture de la tombe.
Elément d’ornement de tête de cheval découvert à 8m de profondeur ©MAFM
Après le forage d’un puits de sondage pour évaluer la profondeur de la chambre il a été décidé de pratiquer une excavation en gradins, en raison du manque de stabilité du sol. Une ouverture de 70 m sur 70 m a été entreprise à l’aide de gros engins, ménageant un palier de sécurité tous les 3 m. Ce creusement en forme de pyramide inversée doit conduire à la chambre funéraire.

A 8 m en dessous du niveau du sol une zone rituelle est découverte, livrant 21 objets, la plupart en métal : miroir chinois fragmentaire, bassin en bronze, marmite en fer et éléments de char.

Découverte du fragment de bassin orné d’une tête d’animal de type pushou ©MAFM


L’équipe archéologique dans la chambre funéraire de la T1 ©MAFM

La sépulture avait été pillée au cours de l’antiquité, cependant des éléments de la décoration en or subsistaient dans le secteur sud de la chambre et permirent de reconstituer cette ornementation. Au cours des années 2002 et 2003 les principaux vestiges vont faire l’objet d’études et de restaurations.Grâce au mécénat de la Fondation EDF les objets découverts dans l’espace rituel vont être étudiés de façon approfondie. Les œuvres proches du défunt les matériaux utilisés étaient beaucoup plus précieux, jade, perle, cristal de roche, ambre, or.

L’or a en particulier été employé pour la décoration de la chambre. Il s’agit de feuilles très minces variant de 30 à 60 microns, appliquées sur une âme en bois. Afin d’identifier l’origine du métal et de déterminer sa composition, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France a eu recours à l’accélérateur AGLAE, permettant d’identifier un or natif de très grande pureté, probablement d’origine locale. Les recherches continuent, sur le terrain et en laboratoire, donnant lieu chaque année à plusieurs publications. En outre, la préservation de ce site exceptionnel nécessite un entretien régulier des monuments et la remise en place des tombes fouillées, telle que la tombe T1, à partir de l’année 2002.

Allée funéraire de la tombe T1, reconstituée en 2002 © MAFM / J. Magail
Pour plus d’informations, consulter le site : www.archaemongolia.com
from http://www.guimet.fr/Nouvel-article,642

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